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L’IA au service de la médecine, quelles sont les limites ?

MBA Mutuelle - L’intelligence artificielle au service de la médecine

Source Le Mutualiste.

 

Interview l Marie-Christine Jaulent, ingénieure informaticienne et directrice de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), elle dirige le laboratoire d’informatique médicale et d’ingénierie des connaissances en e-Santé (Limics). Elle revient sur les bouleversements de l’intelligence artificielle (IA) en santé, sur ses risques et ses limites.

 

Quels sont les risques liés à l’usage de l’IA en médecine ?

Le premier risque serait de surestimer l’IA, l’expres sion « IA » est d’ailleurs mal choisie, car cette technologie n’est en rien intelligente. Elle a été conçue pour livrer des conclusions, mais n’explique pas ses décisions, ce qui pourrait d’ailleurs constituer l’une de ses limites à l’avenir. Il faut donc toujours douter et l’utiliser comme une assistance. Il y a également un risque de perte de contrôle de l’homme face aux capa cités informatiques croissantes de ces machines, qui commencent déjà à nous échapper. Les recherches en IA sont aussi énergivores et très coûteuses, et leur usage limité risque encore de creuser les inégalités dans l’accès aux soins. Le dernier risque serait de ne pas anticiper les mutations à venir. Il faut s’interroger sur le bienfondé de ces innovations, qui doivent apporter une réelle plusvalue au médecin ou au patient.

 

Et concernant les données, quels sont les dangers ?

Les données médicales qui alimentent les algorithmes sont très hétérogènes et pas toujours bien annotées. Pour être correctement exploitées, il faut s’assurer de leur qualité, les structurer lorsque c’est possible, les rendre accessibles et interopérables (capacité d’échange) afin d’optimiser les décisions rendues par l’IA. Il faut toujours être vigilant sur les données que l’IA utilise.

 

Quel pourrait être l’impact sur la relation patient-médecin ?

Nous allons vers une relation tripartite entre le médecin, le patient et l’IA. Demain, le plan de prévention d’un patient sera coconstruit à partir des connaissances du médecin, la personnalisation du patient et les systèmes qui les assisteront. Les objets connectés de surveillance permettront un meilleur suivi du patient. J’alerte toutefois quant au risque de surveillance excessive qui peut être source de stress. Il en va de même pour l’IA prédictive, qui est intéressante pour le médecin mais anxiogène pour le patient. L’usage de ces technologies suppose un accompagnement humain personnalisé.

 

 

l'ia est-elle l'avenir de la médecine ?